Thursday, August 21, 2008

Confession

Confession
One time, only once, sweet and amiable woman,
On my arm your polished arm
Rested itself (over the dark pit of my heart
This memory has not grown pale);

It was late; like a brand new medal
The full sun spread itself out,
And the solemnity of the night, like a river,
Streamed down over sleeping Paris.

And along the houses, over the carriage doors,
The cats passed furtively
The ear on the lookout, or, like beloved shadows,
They slowly accompanied us.

Suddenly, in the middle of the empty closeness,
Hatched in the pale clarity
Of you, rich and sonorous instrument where vibrates
Only the radiant gaiety,

Of you, clear and joyful like a fanfare
In the glittering morning
A mournful note, a curious note
Escaped, all staggering

Like a sickly child, hideous, somber, revolting,
Who made his family redden,
And that they for a long time, to hide him from the world,
Put into a secret cave.

Poor angel, it sang, your screeching note:
“That nothing down here is certain,
And that always, though it disguises itself carefully,
Human selfishness reveals itself;

That it is a tough profession to be a beautiful woman,
And that it is the trivial job
Of the cold and crazy dancer who swoons
In her mechanical smile;

That to build over hearts is a silly thing;
And that all cracks, love and beauty,
Until Oblivion throws them into his basket
To give them back to Eternity!”

I have often evoked that enchanted moon,
That silence and that languor,
And that horrible confidence whispered
In the heart’s confessional.


Confession
Une fois, une seule, aimable et douce femme,
À mon bras votre bras poli
S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme
Ce souvenir n'est point pâli);

II était tard; ainsi qu'une médaille neuve
La pleine lune s'étalait,
Et la solennité de la nuit, comme un fleuve,
Sur Paris dormant ruisselait.

Et le long des maisons, sous les portes cochères,
Des chats passaient furtivement
L'oreille au guet, ou bien, comme des ombres chères,
Nous accompagnaient lentement.

Tout à coup, au milieu de l'intimité libre
Eclose à la pâle clarté
De vous, riche et sonore instrument où ne vibre
Que la radieuse gaieté,

De vous, claire et joyeuse ainsi qu'une fanfare
Dans le matin étincelant
Une note plaintive, une note bizarre
S'échappa, tout en chancelant

Comme une enfant chétive, horrible, sombre, immonde,
Dont sa famille rougirait,
Et qu'elle aurait longtemps, pour la cacher au monde,
Dans un caveau mise au secret.

Pauvre ange, elle chantait, votre note criarde:
«Que rien ici-bas n'est certain,
Et que toujours, avec quelque soin qu'il se farde,
Se trahit l'égoïsme humain;

Que c'est un dur métier que d'être belle femme,
Et que c'est le travail banal
De la danseuse folle et froide qui se pâme
Dans son sourire machinal;

Que bâtir sur les coeurs est une chose sotte;
Que tout craque, amour et beauté,
Jusqu'à ce que l'Oubli les jette dans sa hotte
Pour les rendre à l'Eternité!»

J'ai souvent évoqué cette lune enchantée,
Ce silence et cette langueur,
Et cette confidence horrible chuchotée
Au confessionnal du coeur.

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