Wednesday, August 27, 2008

Le Flacon

And the children have all returned.

The Flask
There are strong perfumes for which all material
Is porous. One would say that they penetrate the glass.
In opening a casket that came from the East
Whose shouting lock screeches and grumbles,

Or in a deserted house some armoire
Full of time’s acrid odor, dark and dusty,
At times one finds an old flask that remembers,
From where gushes out a living soul which returns.

A thousand thoughts slept, gloomy chrysalises,
Trembling gently in the heavy darkness,
That release their wings and take their flight,
Colored with blue, frozen with rose, spangled with gold.

This is the heady memory that flutters
In the cloudy air; eyes close; Vertigo
Seizes the vanquished soul, and pushes it with two hands
Towards the dark abyss of human miasma;

He crushes it on the edge of an age-old abyss,
Where, fragrant Lazarus tearing his shroud,
Moves in its awakening, a spectral cadaver
Of a rancid old love, charming and sepulchral.

Also, when I will be lost in the memory
Of men, in the corner of a sinister armoire
When one will have thrown me, sorry old flask,
Decrepit, dusty, dirty, despicable, viscous, cracked,

I will be you coffin, pleasant pestilence!
The witness to your strength and your virulence,
Beloved poison prepared for the angels! Liquor
Which eats at me, oh life and death of my heart!


Le Flacon

II est de forts parfums pour qui toute matière
Est poreuse. On dirait qu'ils pénètrent le verre.
En ouvrant un coffret venu de l'Orient
Dont la serrure grince et rechigne en criant,

Ou dans une maison déserte quelque armoire
Pleine de l'âcre odeur des temps, poudreuse et noire,
Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient,
D'où jaillit toute vive une âme qui revient.

Mille pensers dormaient, chrysalides funèbres,
Frémissant doucement dans les lourdes ténèbres,
Qui dégagent leur aile et prennent leur essor,
Teintés d'azur, glacés de rose, lamés d'or.

Voilà le souvenir enivrant qui voltige
Dans l'air troublé; les yeux se ferment; le Vertige
Saisit l'âme vaincue et la pousse à deux mains
Vers un gouffre obscurci de miasmes humains;

II la terrasse au bord d'un gouffre séculaire,
Où, Lazare odorant déchirant son suaire,
Se meut dans son réveil le cadavre spectral
D'un vieil amour ranci, charmant et sépulcral.

Ainsi, quand je serai perdu dans la mémoire
Des hommes, dans le coin d'une sinistre armoire
Quand on m'aura jeté, vieux flacon désolé,
Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé,

Je serai ton cercueil, aimable pestilence!
Le témoin de ta force et de ta virulence,
Cher poison préparé par les anges! liqueur
Qui me ronge, ô la vie et la mort de mon coeur!

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