Friday, October 31, 2008

Spleen (Je suis comme le roi)/Spleen (Quand le ciel bas et lourd)

Feeling better, lucid dreams. Oh, beauty. Run from him.

Spleen (I am like the king)
I am like the king of a rainy country,
Rich, although powerless, young and yet very old,
Who, despises the deference of his advisors,
Gets bored with his dogs as he does with other beasts.
Nothing can enliven him, not game, nor falcon,
Nor his people dying in front of the balcony.
The ridiculous ballads of his favorite clown
No longer amuse the brow of this cruel patient;
His bed of fleur-de-lis turns into a tomb,
And the women of finery, for whom every prince is beautiful,
No longer know where to find indecent gowns
To pull a smile from this young skeleton.
The scientist who makes the gold for him has never been able
To remove the corrupted element from his being,
And in these tubs of blood that came to us from the Romans,
And that in their old days the powerful recall,
He has not been able to warm up this stupid cadaver
Where the green water of the Lethe flowed in the place of blood.

Spleen (Je suis comme le roi)
Je suis comme le roi d'un pays pluvieux,
Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux,
Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes,
S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes.
Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon,
Ni son peuple mourant en face du balcon.
Du bouffon favori la grotesque ballade
Ne distrait plus le front de ce cruel malade;
Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau,
Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau,
Ne savent plus trouver d'impudique toilette
Pour tirer un souris de ce jeune squelette.
Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais pu
De son être extirper l'élément corrompu,
Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent,
Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent,
II n'a su réchauffer ce cadavre hébété
Où coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé

Spleen (When the sky low and heavy)
When the sky low and heavy weighs like a cover
Over the whimpering spirit, prey to the long ennui,
And from the horizon embraces the whole circle
It pours over us a black day sadder than the nights;

When the earth is changed into a humid prison,
Where Hope, like a bat,
Goes into it beating the walls with her timid wing
And knocks her head on the rotten ceilings;

When the rain scatters its immense trails
It imitates the bars of a great prison,
And as a silent stock of despicable spiders
Go spreading their threads in the depths of our brains,

Suddenly the bells jump with fury
And fire toward the sky a hideous howling,
Like wandering spirits without a homeland
Who put themselves to groaning stubbornly.

—And long hearses, without drums or music
Parade slowly in my soul; Hope,
Conquered, weeps, and atrocious Anxiety, despotic,
Over my leaning head plants her black flag.

Spleen (Quand le ciel bas et lourd)
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

— Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

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